Les fractures de la base du 5e métatarsien (M5) sont fréquentes et se produisent souvent à la suite d'un traumatisme en inversion du pied, qui est également une cause fréquente d'entorse de la cheville. Ce type de traumatisme provoque une tension au niveau de l’insertion des tendons et des ligaments sur la base du 5e métatarsien, favorisant des fractures à différents niveaux selon la zone d’impact et le type de force exercée.
Les fractures de la base du 5e métatarsien se distinguent selon leur localisation et leur mécanisme. Il existe principalement trois types :
Fracture par avulsion (styloïde) : Aussi appelée "pseudo-Jones", elle survient au niveau de l'apophyse styloïde (partie la plus proximale du 5e métatarsien). Elle est causée par une traction excessive des tendons lors d'un mouvement en inversion. Cette fracture est généralement bénigne et guérit bien avec un traitement conservateur.
Fracture de Jones : Cette fracture est située à la jonction métaphyse-diaphyse, entre la base et le corps du 5e métatarsien. En raison de la faible vascularisation de cette région, la fracture de Jones présente un risque élevé de non-union ou de retard de consolidation, ce qui complique sa guérison, particulièrement chez les personnes actives ou les sportifs.
Fracture diaphysaire : Localisée plus distalement le long de la diaphyse (partie centrale) du 5e métatarsien, elle survient souvent lors de chocs violents ou de traumatismes directs. Ce type de fracture peut être complexe et nécessite parfois une intervention chirurgicale pour assurer une consolidation correcte.
Les fractures de la base du 5e métatarsien provoquent généralement une douleur aiguë et localisée sur la face externe du pied, au niveau de la base du 5e métatarsien. La douleur s'intensifie à la mise en charge (marche ou appui sur le pied) et lors des mouvements. D’autres signes incluent un œdème et, parfois, une ecchymose à la base du M5. Il peut être difficile de marcher en raison de la douleur, et la palpation de la base du 5e métatarsien reproduit cette douleur. Un examen clinique attentif est nécessaire pour différencier une fracture d’une simple entorse de la cheville, qui pourrait masquer les signes de la fracture.
Les traitements varient en fonction du type de fracture et de sa localisation :
Fracture par avulsion (styloïde) : Ce type de fracture guérit bien avec un traitement conservateur, comprenant une immobilisation avec une botte de marche pendant 4 à 6 semaines. Une rééducation avec renforcement musculaire et travail de la proprioception est recommandée après l’immobilisation. La chirurgie est rarement nécessaire.
Fracture de Jones : En raison du risque élevé de non-union, un traitement conservateur par immobilisation non porteuse (sans appui) pendant 6 à 8 semaines est recommandé, soit avec une botte ou un plâtre. Cependant, pour les patients sportifs ou très actifs, une intervention chirurgicale est souvent envisagée d’emblée pour garantir une consolidation rapide. Si la fracture ne montre aucun signe de guérison après 8 semaines ou si elle est déplacée, une fixation par vis intramédullaire est effectuée pour stabiliser l’os et faciliter la cicatrisation.
Fracture diaphysaire : Les fractures diaphysaires peuvent être traitées de manière conservatrice avec une immobilisation stricte pendant 6 à 8 semaines. Toutefois, pour les fractures déplacées ou complexes, une chirurgie est nécessaire, incluant généralement une fixation par plaque ou vis pour assurer la stabilité et la guérison de l'os.
Quel que soit le traitement, un suivi est crucial pour s'assurer de la bonne guérison de la fracture, particulièrement dans le cas des fractures de Jones qui nécessitent un suivi radiologique attentif. Après la période d’immobilisation, la rééducation est essentielle pour rétablir la fonction du pied avec des exercices de renforcement musculaire, de proprioception et d'équilibre. Pour les fractures de Jones, un retour aux activités sportives peut nécessiter un temps de repos prolongé et un suivi rigoureux afin de prévenir tout risque de non-union ou de récidive.