L’instabilité chronique de la cheville (ICA) se manifeste fréquemment après des entorses répétées ou insuffisamment traitées, principalement au niveau des ligaments latéraux, notamment le ligament talo-fibulaire antérieur et le ligament calcanéo-fibulaire. Lorsque ces ligaments ne guérissent pas correctement, la cheville devient instable, donnant une impression de "cheville qui lâche". Cette instabilité est particulièrement notable lors d'activités nécessitant des changements de direction ou des terrains irréguliers, ce qui peut entraîner des douleurs chroniques, des entorses à répétition, et potentiellement des altérations dégénératives de l'articulation de la cheville à long terme.
La physiopathologie de l'ICA repose sur une cicatrisation inadéquate des ligaments suite à une entorse initiale ou des entorses répétées. Les patients souffrant d'ICA font souvent face à une laxité ligamentaire persistante, ainsi qu'à des déficits proprioceptifs, affectant la coordination musculaire. Un déséquilibre apparaît entre les forces stabilisatrices des tendons péroniers et la structure ligamentaire instable. Les patients ressentent ainsi deux types d'instabilités : une instabilité mécanique due à la laxité ligamentaire et une instabilité fonctionnelle liée à des déficiences proprioceptives. Cela conduit souvent à une sensation d’insécurité dans les mouvements de la cheville, en particulier lors de la marche sur des surfaces instables.
Le traitement de l’ICA peut être chirurgical et repose sur deux approches : la réparation ligamentaire et la reconstruction ligamentaire. Le choix entre ces deux techniques dépend de la qualité des ligaments restants, des besoins fonctionnels du patient et de l'éventuelle présence d'arthrose ou d'autres lésions associées.
Quel que soit le type de chirurgie (réparation ou reconstruction), la rééducation est essentielle pour restaurer la fonction de la cheville et prévenir une nouvelle instabilité. La rééducation comprend une immobilisation initiale courte avec kinésithérapie immédiate pour renforcer les muscles, améliorer la proprioception, et rétablir l'équilibre. Le retour aux activités sportives peut être envisagé au bout de 4 à 6 mois, en fonction de la stabilité articulaire retrouvée et de la progression de la rééducation.
La prise en charge de l'ICA dépend de la gravité des lésions ligamentaires et des besoins fonctionnels du patient. La distinction entre réparation et reconstruction ligamentaire repose sur la qualité des tissus et les attentes de l’individu. L'arthroscopie, de plus en plus populaire, offre une approche moins invasive tout en permettant une exploration complète et un traitement efficace de l'instabilité et des lésions associées.